Au Cameroun, les infections nosocomiales représentent un défi majeur pour les établissements de santé, tant en termes de morbidité que de mortalité.
Les maladies nosocomiales, également appelées infections associée aux soins (IAS), désignent les infections contractées
– à la suite de la prise en charge d’un patient (acte diagnostic, thérapeutique ou préventif),
– au cours d’un séjour dans un établissement de santé, telles qu’un hôpital ou une clinique.
Elles ne sont ni présentes, ni en incubation au moment de la prise en charge (un délai de 48h après une hospitalisation est classiquement admis). Les infections peuvent être directement liées aux soins (l’infection d’un cathéter) ou survenir hors de tout acte médical (épidémie de grippe par exemple).
En Afrique Subsaharienne, la prévalence des infections nosocomiales varie entre 6,8% et 26%, avec une incidence cumulée estimée à 14% selon une revue systématique et une méta- analyse. PANAFRICAN-MED-JOURNAL.COM
Le taux de prévalence des infections au Cameroun selon les études réalisée en 2016 à l’hôpital universitaire de Yaoundé a révélé une incidence cumulative des infections nosocomiales de 19,21%, avec un taux de mortalité spécifique de 28%. Les infections les plus courantes étaient la septicémie (20,34%), infection de la peau et des tissus mous (20,34%) et (15,25%) des infections urinaires (Surveillance of nosocomial teaching Hospital,Cameroon, BMC Research note, 2016).
Caractéristiques d’une maladie nosocomiale :
• Elle apparaît au moins 48 heures après l’admission à l’hôpital.
• Elle peut également survenir jusqu’à 30jours après une intervention chirurgicale.
• Elle touche patients, personnel soignant ou visiteurs.
Agents pathogènes souvent impliquées
Les infections nosocomiales sont souvent causées par les bactéries résistantes aux antibiotiques, elles que :
Klebsiella spp.
Escherichia Coli (germe habituellement présent au niveau du tube digestif)
Staphylococcus aureus (germe habituellement trouvé sur la peau et au niveau des narines)
Pseudomonas aeruginosa.
La particularité de ces germes est qu’ils ont souvent acquis des résistances à des antibiotiques comme les SARM (staphylococcus aureus résistant à la méthicilline) Les infections nosocomiales les plus fréquentes sont les infections urinaires, les pneumonies, les infections sur site opératoire et les bactériémies (présence de germe dans le sang). Le Figaro, santé.
Les facteurs de risques incluent l’âge avancé, la durée prolongée d’hospitalisation, l’utilisation des dispositifs médicaux invasifs et la présence des comorbidités. On distingue plusieurs types d’infections nosocomiales, avec des modes de transmission différents :
• Transmission endogène : le patient s’infecte avec ses propres germes à la faveur d’un acte invasif ou d’un terrain particulier.
• Transmission exogène : infection transmise par un autre patient, par le personnel hospitalier (par les mains ou au contact du matériel médical ou paramédical) ou liée à l’environnement (eau, air, alimentation…).
Certains patients sont plus fragiles et vont être plus facilement sujets aux infections nosocomiales : les patients âgés et les nouveau-nés, les patients immuno- déprimés (qui ont des maladies ou des traitements affectant leur système de défense comme une chimiothérapie), les grands brûlés, les patients diabétiques, les patients sous traitement antibiotique (ce qui peut déséquilibrer la flore bactérienne habituellement présente et sélectionner des bactéries résistantes…).
Les gestes invasifs, comme la pose de perfusion, de sonde urinaire, la ventilation artificielle ou une intervention chirurgicale bien que nécessaire au traitement vont aussi être des facteurs favorisant les infections nosocomiales. PANAFRICAN-MED-JOURNAL.COM
Mesures de prévention
La lutte contre les infections nosocomiales nécessite la mise en place de stratégies de
Prévention actives, telles que :
Le respect strict des protocoles d’hygiène, notamment le lavage des mains.
La stérilisation rigoureuse du matériel médical.
La surveillance continue des infections.
L’isolement des patients infectés.
Formation continue du personnel soignant.
Encadrement de la prescription d’antibiotiques et création des guides de bonnes pratiques.
Ces mesures sont essentielles pour réduire la prévalence des infections nosocomiales et améliorer la qualité des soins dans les établissements de santé Camerounais.
Conséquences humaines et économiques
Selon l’organisation mondiale de la santé (OMS), des millions de patient sont touchés chaque année dans le monde. Les maladies nosocomiales ont un impact important :
Prolongent la durée d’hospitalisation.
Augmentent les coûts de traitement.
Entraîne des complications graves, voire le décès du patient.
Leticia Kueka
Biologiste
(Msc Université de Dschang )